De qui être l'idiot utile ?
Le débat qu'on subit depuis des semaines sur, autour, à propos de l'initiative dite "anti-burqa" (puisqu'on ne retient que cela d'elle), on s'est laissé aller à le qualifier de "débat à la con". Qualification peu élégante, un tantinet réductrice, mais tout de même assez ressemblante à ce qu'elle qualifie. Qu'est-ce qu'un "débat à la con" ? C'est un débat dont les termes sont si foireux qu'on n'y peut débattre, juste y prendre une posture. Et que quelque position que l'on y prenne, elle sera récusée comme étant celle d'un idiot utile : des xénophobes si on appelle à voter pour l'interdiction de la burqa, des islamistes si on appelle à voter contre. Enthousiasmant dilemme : être l'idiot utile islamophobe de Jean-Luc Addor ou celui islamogauchiste de Hani Ramadan. Or s'il nous arrive comme à tout le monde d'être idiot, nous essayons tout de même de l'être inutilement, et quand il nous prend de vouloir être utile, de ne pas l'être idiotement. Comment sortir de ce piège à cons ? appeler à l'abstention, au vote blanc ou au vote nul, se dire que de toute façon, inscrire une boeuferie dans la constitution, ça ne la fait pas être autre chose qu'une boeuferie. Après tout, notre Constitution commence bien (comme la constitution iranienne...) par "Au nom de Dieu", et ça le fait pas exister, Dieu... Pourtant, on ne s'est pas abstenu, ni voté blanc, ni voté nul. Parce que l'abstention est par définition insignifiante même quand elle est massive, que le vote blanc ne dit rien de plus que renvoyer le "non" et le "oui" dos à dos et que le vote nul ne l'est pas moins que le débat en cours.