Pas une commémoration, mais une proclamation
Aujourd'hui, c'est donc en Suisse (et au Bénin) jour de fête nationale*. De fête de la nation. Pourquoi diable a-t-on choisi le 1er août comme date de la fête nationale de la Suisse -qui n'en avait pas, de fête nationale, en un temps où il convenait d'en avoir une pour pouvoir se dire nation ? Précisément, parce qu'il fallait une date, pour dire qu'il y a une nation suisse. N'importe quelle date aurait fait l'affaire, pour peu qu'elle ne soit pas déjà prise pour le même usage. Le Bénin a bien aussi choisi le 1er août pour sa fête nationale, mais un siècle après la Suisse, et pour lui cette date avait un sens précis : c'était celle de son indépendance. Le 1er Août Suisse n'est la date de rien: on a assuré que c'était la date d'un serment tenu sur la prairie du Grütli en 1291, entre les représentants de trois collectivités paysannes, mais rien n'atteste ni de ce serment, ni de cette date, ni de ce lieu. Peu importe, d'ailleurs : on ne commémore pas un événement, comme en France le 14 juillet commémora la Fête de la Fédération qui commémora la prise de la Bastille, on célèbre en Suisse une volonté politique, celle des radicaux, victorieux de la seule révolution démocratique dans l'Europe du mitan du XIXe siècle qui n'ait pas été écrasée ou étouffée, d'accoucher d'une nation suisse. Le 1er août, la Suisse ne commémore rien : elle se proclame.
* et par ailleurs, le 1er Août se trouve aussi être la journée mondiale de l'allaitement maternel et de la frite belge...