La gauche dans les choux
Si l'élection présidentielle française avait eu lieu le 7 janvier, son premier tour aurait, selon la moyenne des sondages sur les intentions de vote, sélectionné les mêmes protagonistes du deuxième tour qu'il y a cinq ans : Macron, dix points devant Le Pen (l'écart entre eux s'est creusé en cinq ans, grâce à Zemmour), la candidate de la droite traditionnelle, Pécresse, en embuscade, et Zemmour distancé en quatrième position. Et la gauche, alors elle est où ? Dans les choux. Pas dans ceux d'où naissent les enfants : dans ceux où grouillent les limaces. La candidate socialiste, qui se traîne en dessous des 5 % d'intentions de vote, a bien lancé un appel à des "primaires" à gauche pour désigner une candidature unique mais n'a reçu de réponses des principaux candidats de gauche (Mélenchon, Jadot, Roussel) que des refus d'entrée en matière et le résultat de la "primaire populaire" lancée par des militants excédés par l'égocentrisme des chefs de partis et de leurs candidats, est récusé avant même que d'être connu par ceux qui refusaient déjà la primaire proposée par Hidalgo. L'hypothèse d'une candidature de Christiane Taubira n'a suscité que des frémissements à la surface du marigot, Mélenchon ne se bat plus que pour faire jeu égal avec Zemmour, Jadot pour ne pas se laisser distancer de trop loin par Mélenchon, Roussel pour rappeler existence du PCF, les deux trosks pour faire leur tour de piste habituel et Montebourg pour trouver la porte de sortie. Résultat : Macron fixe l'agenda, les enjeux, le rythme et les thèmes de débat ou de polémique, et derrière lui, pour le deuxième tour, on risque bien de n'avoir de choix qu'entre la droite, la droite de la droite et l'extrême-droite...