Droitisations
On s'est trompé en comparant Zemmour à Doriot : il n'en a pas le format. Zemmour, c'est plutôt un Drumont qui aurait réécrit sa "France juive" en "France musulmane". Son discours paranoïaque, à grand renfort d'exorcisme du "grand remplacement", de dénonciation de l'"immigration de masse" et de l'"islamisation de la France", ses projets de Guantanamo à la française, d'abolition du droit du sol (une vieille conquête républicaine), de privation des immigrants non-européens de toute aide sociale, ont déteint sur la droite démocratique (il n'avait pas besoin de déteindre sur celui de Marine Le Pen), qui a désigné comme candidate une Valérie Pécresse, initialement estampillée libérale, et qui a été intronisée, contre encore plus à droite qu'elle, au terme d'une campagne interne qu'elle a placée sous le double signe de l'immigration et de l'insécurité". pour pouvoir récupérer une partie de l'électorat de Le Pen et de Zemmour. On connaît la tripartition de la droite traditionnelle selon l'analyse qu'en fit René Rémond : une droite légitimiste, une droite orléaniste, une droite bonapartiste. Mais il n'y a pas de place dans cette tripartition pour l'extrême-droite. Or elle est là, et bien là, et depuis longtemps -depuis qu'il y a une gauche et une droite, et peut-être même avant, et on voit mal (même en tordant les références historiques) qui pourrait aujourd'hui représenter chacune des trois droites de Rémond : Macron pour la droite orléaniste, cela peut encore s'admettre, mais qui pour la droite légitimiste ? Pécresse ? Et pour la droite bonapartiste, Le Pen, Zemmour ? La seule figure bonapartiste qui puisse nous dire de quoi Zemmour est le nom est sans doute celle de la princesse Marie...