Poison d'Avril
Vendredi 1er avril : il neige sur Genève. Vendredi 1er avril : plus de 200 personnes, sans logement ni revenu, se retrouvent à la rue : les hébergements ouverts pendant l'hiver ont fermé le 31 mars, comme ce fut déjà le cas en 2021, et la Ville de Genève, qui assure l'essentiel de l'hébergement des sdf, n'a pas reçu les moyens de le prolonger toute l'année. "Cela suffit !", écrit le Conseiller d'Etat Thierry Apothéloz, "en colère de savoir que près de 200 personnes sans-abris se retrouvent à la rue, en raison d’un jeu néfaste d’un « qui bouge, perd » entre les communes et la Ville de Genève". Il faut "agir tout de suite", affirme Thierry Apothéloz qui va proposer au Conseil d’Etat de" répondre aux besoins des associations en faisant une avance et la facture de ces prestations communales sera envoyée en bonne et due forme aux 45 communes, à moins qu’elles se décident immédiatement à exercer cette compétence qui est la leur". L'une d'entre elle, celle de Genève, n'y a pourtant jamais rechigné... Mais pas question pour le canton de payer : "des millions de francs dorment dans les coffres des communes", écrit le Conseiller d'Etat ? Oui, et près d'un milliard de recettes excédant les prévisions est arrivé dans ceux du canton... Dans l'urgence, se renvoyer obstinément la balle des charges et des compétences est un exercice lamentable, où l'odieux le dispute à l'indécent. Un poison d'avril. La loi cantonale charge les communes de l'hébergement des sans-abris, et tant que la loi n'a pas changé, qu'elle n'impose pas aussi au canton une part de cette charge, c'est bien à elles, à elles toutes et pas seulement à la Ville de Genève, d'assumer cette tâche, mais la loi cantonale garantit aussi à toute personne la couverture de ses besoins vitaux (avoir un toit est un besoin vital...) et enjoint au canton et aux communes de collaborer pour répondre à cette exigence en délivrant des prestations inconditionnelles, à toutes celles et tous ceux qui en ont besoin. Le canton ne peut donc se tenir quitte d'agir, même si, sur le terrain, ce sont les communes qui doivent d'abord le faire. Toutes les communes.
Une Lettre ouverte au Président de l'Association des communes genevoises et aux élu.e.s des communes a été lancée par Anouk Dunant Gonzenbach; Maurice Gardiol; Jean-François Duchosal; Denise Mützenberg. Vous en trouverez le texte intégral sur https://virusolidaire.ch/et vous pouvez la signer en envoyant un courriel à courrier@virusolidaire.ch
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