Vous aurez comme nous observé que les partisans du projet de parking "Clé-de-Rive" s'abstiennent soigneusement d'utiliser le mot même de parking dans leur campagne de promotion avant la votation du 7 mars sur ce projet, lui préférant des périphrases insignifiante du genre "projet d'infrastructure", "séparation neutre", "fruit d'un compromis politique"... pour ne mettre en avant que la zone piétonne liée, selon eux, au parking (et qu'il faudra attendre jusqu'à la fin des travaux du parking, puisqu'elle posée dessus...). On félicitera donc la Chambre genevoise immobilière (qui, évidemment, soutient le projet de parking) d'avoir vendu la mèche dans son bulletin de février, en précisant que la "piétonisation se fera, quoi qu'il en soit, à brève ou moyenne échéance", avec ou sans parking, et que l'enjeu du vote du 7 mars, c'est bien "la réalisation du parking". Et qu'on peut donc réaliser la zone piétonne sans le parking. Cette attendrissante touche de sincérité dans le débat est à saluer : le 7 mars, on ne vote pas sur les jolies images de zone piétonne dont les partisans du parking nous gratifient, mais sur ce qu'ils prennent bien garde de montrer : six étages souterrains destinés à stocker 500 bagnoles (et 400 deux-roues motorisés), dans une zone où sept lieux (sinistres) du même genre restent sous-occupés. Dissocier le parking et la zone piétonne, que lient le contrat passé par la Ville avec les promoteurs du premier, c'est permettre la réalisation plus rapide d'une zone piétonne plus importante et plus cohérente.
Le Grand Conseil et le Conseil municipal de Genève ont voté l'urgence climatique. Et pour atteindre la neutralité carbone d'ici trente ans, Genève (la Ville, le canton, la Grande...) devrait réduire de 90 % ses émissions de gaz à effet de serre. Dont les transports individuels motorisés sont parmi les plus gros émetteurs. Dès lors, tout projet qui les favorise, de quelque manière que ce soit, est contradictoire de ces engagements, et nuisible à tout ce qui pourrait permettre de les tenir. Clé-de-Rive ? Un projet "novateur et moderne", clament ses partisans. Novateur, un parking de plus ? Moderne ? Ce machin fleure bon le siècle passé, le temps du "tout bagnole", dont on peine encore soixante plus tard à réparer les dégâts: Genève est l'une des rares villes européennes dont le centre n'est pas dévolu aux piétons et à la mobilité douce.Le quartier de Rive pourrait l'être. Mais pas au prix d'un parking obsolète avant même qu'on ait commencé à le creuser. Les partisans dudit parking ont parfaitement raison de qualifier de "verrue" l'actuel aménagement de Rive, bouffé par la circulation automobile. Mais depuis quand soigne-t-on une verrue par une tumeur ?
Commentaires
Je déplore ces discours simplistes qui ne tiennent pas compte de tous les paramètres autour de la problématique de la mobilité.
Nous avons affaire à des idéologies qui n'ont pas grand rapport avec les questions globales qui permettraient à l'humanité de jouir plus de son environnement sans le galvauder.
Qui est au courant du paradoxe de Jevons ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Jevons
Un must pour commencer à comprendre les incidences de nos choix.
Et qui fait l'effort de s'informer ?
La gauche anti-bagnole a compris le message de l'UDC. Faut matraquer à l'aide de slogans réducteurs, se mettre au niveau du peuple et parler simple.
La politique est désespérante.
Que d'aucuns s'empresseront pour défendre leur thèse sans nuance.