RAPPORT AUX BETES
L'initiative pour une interdiction de l'expérimentation animale et humaine a été littéralement balayée (à 79 % des suffrages) par le peuple. Non par mépris des animaux, mais par crainte de ne plus pouvoir bénéficier des résultats médicaux de cette expérimentation : l'humain pense d'abord à lui-même avant que de penser aux animaux. L'échec cinglant de l'initiative est cependant trompeur, en ceci qu'il ne clôt nullement le débat fondamental sur le rapport que l'animal humain doit entretenir avec les autres animaux -"les "autres animaux", puisque si, dans ce début de ce texte comme dans le langage courant, on utilise les mot "animaux" et"humains" en opposition, à tout le moins en distinction, de ce que l'un et l'autre désignent, on ne cède qu'à une commodité de langage, alors que les humains sont des animaux. Qui tiennent à se distinguer des autres animaux, mais n'en constituent pas pour autant un genre distinct -seulement une espèce spécifique : il y a bien une espèce humaine, mais pas de "genre humain" et fondamentalement, il n'y a pas plus de différence entre un humain et un chat qu'entre un chat et un chien, bien moins entre un humain et un chimpanzé (nous ne sommes après tout que des primates, comme eux, les gorilles, les orang-outangs et les bonobos) qu'entre un chimpanzé et un ouistiti... De différences entre animaux, la société humaine en fait quand elle accorde des statuts différents aux animaux de compagnie, de boucherie et de laboratoires : "jamais les animaux n'avaient été traités avec à a fois autant de violence et autant de bienveillance", note l'anthropologue Charles Stépanoff, qui ajoute que "ces deux modes sont en réalité complémentaires puisque nous nourrissons nos animaux de compagnie avec la viande que nous ne consommons pas des animaux que nous abattons"...