Comme une odeur de moisi...
Du peu que nous ayons eu le courage de le suivre (à la télé, on n'a pas poussé le masochisme jusqu'à l'Hôtel-de-Ville), nous ne pûmes qu'être assez consternés par le débat, au Grand Conseil genevois, sur la loi cantonale sur la laïcité -un débat qui va se poursuivre en avril, puisque le parlement n'a pas réussi à le clore en mars, et qui a atteint une sorte d'apogée pataphysique lorsqu'il a porté sur les apparences vestimentaires et bijoutières des élus et des élues : pour complaire aux obsessions fétichistes d'une majorité, cultiver la laïcité de la peur et imposer aux parlementaires la règle imposée aux magistrats (Conseillers d'Etat, Conseillers administratifs, Maires et adjoints) de s'abstenir d'arborer des "signes religieux ostentatoires", le Grand Conseil a assimilé (en s'y assimilant lui-même) les députés et les conseillers municipaux à des "agents de l'Etat". Même les staliniens, même les théocrates, même les monarchistes de la Restauration (ou leurs compères pseudo-républicains de la Restauration genevoise) n'avaient pas osé pareille confusion... C'est quoi, un député ou un conseiller municipal, dans une démocratie ? c'est le représentant du peuple, de la nation ou de ses électeurs, mais jamais le représentant de l'Etat ! Alors à Genève, les députés et les conseillers municipaux seraient des "agents de l'Etat"... Une Genferei de plus, mais nettement moins marrante que les autres : si les députés et conseillers municipaux sont des "agents de l'Etat", il n'y a plus d'opposition parlementaire concevable... Il ne resterait plus alors qu'à pousser cette ânerie politique à son terme logique, et à faie nommer directement les députés et les conseillers municipaux par le Conseil d'Etat, comme les fonctionnaires (comme des agents de l'Etat, quoi)... Il était vraiment temps que le Grand Conseil sortant puisse sortir, il commençait sérieusement à sentir le moisi...