Réchauffement du climat politique
On n'attendait pas un bouleversement politique et on ne l'a pas eu : ce n'était ni le moment, ni le pays. Mais tout de même, ça a bougé, et bien bougé, et dans le bon sens : la Suisse n'est pas une île, les urnes ne sont pas des tupperwares, la rue verte et féministe a débordé dans les urnes et c'est très bien.
On espérait, sinon un changement de majorité, du moins la perte par l'UDC et le PLR de la majorité absolue dont ils disposaient (pour un siège) dans le Conseil national sortant, mais pas au Conseil des Etats, où ce sont le PS et le PDC qui disposent d'une majorité absolue, ce qui faisait du Sénat, pour la première fois depuis plus d'un siècle et demi, une Chambre plus à gauche que celle du peuple... Cette majorité absolue, le PLR et l'UDC l'ont perdue au Conseil national-ce sont eux, les grands perdants de cette journée, mais tous les partis gouvernementaux reculent (y compris le PS et le PDC). Et le PLR et l'UDC sont toujours majoritaires au Conseil fédéral, ce qui d'ailleurs légitime la possible revendication d'un siège pour les Verts.
Il n'y a évidemment pas de basculement national d'une majorité de droite vers une majorité de gauche, mais on se trouve dans la situation ou aucune majorité, ni de gauche ni de droite n'est possible, ni au Conseil national ni au Conseil des Etats, sans le "centre".
A Genève, avec 46,8% des suffrages, la gauche (Verts, PS, EàG) dépasse les partis de droite (PDC-PLR-UDC-MCG) représentés au Grand Conseil (45,7%), et est largement majoritaire en Ville. Six conseillers nationaux genevois de gauche sur 12 sièges, et huit parlementaires fédéraux de gauche sur 14 sièges, on va quand même pas bouder notre plaisir, même si le PS perd un siège (un siège qu'il avait en quelque sorte obtenu, sans que cela corresponde à son propre poids électoral, à la place des Verts et d'Ensemble à Gauche).
On attendait une victoire des Verts (de gauche ou libéraux). On attendait qu'elle se fasse sans péjorer la force du parti socialiste.
On pressentait qu'après les mobilisations climatiques massives des jeunes, la vague verte qui avait déferlé dans les rues allait imbiber les urnes. On passait sur le fait qu'une bonne partie des manifestants n'avaient pas le droit de vote (pour des raisons d'âge ou de nationalité) et que 75 % des citoyennes et citoyens de moins de 25 ans disposant du droit de vote n'en font pas usage. Les Verts, en effet, sont les grands gagnants du jour. Et leur progression compense plus que largement le recul du PS.
On attendait une forte participation (à l'aune helvétique : 50 %, c'est l'optimum), on ne l'a pas eue : au plan national, la participation stagne à 44,5 %. A Genève, on n'atteint même pas 40 % , mais au moins celles et ceux qui ont voté savaient pourquoi -et pour qui.
Et pour les détails, on reviendra demain... Et on n'oublie pas qu'il faut encore se mobiliser pour le deuxième tour de l'élection du Conseil des Etats, le 10 novembre.
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